Alors, cet assassin?
Évoqué pour la première fois lors de l'E3 2005, Assassin's Creed a fait abondamment parler de lui ces derniers temps avec des apparitions furtives, qui n'ont jamais vraiment levé le voile de mystère qui entourait le jeu. Seules quelques bandes annonces alléchantes nous ont mis l'eau à la bouche et il devenait très difficile de cerner le gameplay du dernier né d’Ubisoft. A présent, le jeu est bien arrivé et il est temps de voir exactement ce que les développeurs d'Ubisoft Monréal nous ont mitonné.
Un assassin déchu
Avant de s'immerger dans l'aventure, sachez que le titre réserve une grosse surprise scénaristique dès les premières minutes de jeu. Certains en ont parlé, d'autres pas, pour ma part je laisse la découverte aux joueurs. Assassin's Creed nous met dans la peau du très charismatique Altaïr, un maître assassin cherchant à mettre fin au conflit qui fait rage sur la terre sainte en 1191 après J.C. Pour accomplir sa tâche, il assassine sur ordre de ses supérieurs les leaders des croisés et des sarrasins de manière discrète mais oh combien efficace. Le jeu commence alors qu'Altaïr et deux de ses équipiers cherchent à s'approprier un trésor de grande valeur pour le compte de la fraternité des assassins. Malheureusement, un de ses plus grands ennemis fait subitement surface. Déterminé, le héros décide de tenter sa chance et profite de l'occasion pour l'éliminer. Trop pris de confiance, Altaïr et ses amis se retrouvent pris au piège. Il sera malgré tout épargné pour transmettre un message à ses supérieurs et se voit contraint de laisser ses amis à leur triste sort. Après cet échec, Altaïr est puni et perd tout grade au sein de l'ordre des assassins. Pour se racheter, il devra tuer neuf hommes importants dans les trois villes proposées : Damas, Jérusalem et Saint Jean d'acre. Les trois villes sont décomposées en trois quartiers donnant chacun lieu à un assassinat.
Le salut est dans la patience
Pour arriver à vos fins, il faudra faire preuve de précaution et s'armer de patience. Car il serait trop évident de rentrer en territoire ennemi et d'éliminer la cible sans aucune préparation; bien que cette optique soit possible, cela reste à vos risques et périls. Il vous faudra mener votre enquête et réunir plusieurs éléments vous permettant de planifier l'assassinat. Vous devez alors effectuer plusieurs exercices en des lieux bien précis de la ville. En premier il faut faire du repérage. Dans chaque ville, de nombreuses tours vous permettent d'avoir une vue d'ensemble sur les alentours. Ces tours sont en faite des points d'observations. Une fois en haut de celles-ci, votre carte GPS repère différents lieux qui vous offrent cinq types d'exercices différents. Vous aurez en premier lieu la possibilité d'épier des conversations entre deux personnages. Pour cela, il vous suffit de vous asseoir sur un banc a proximité en verrouillant la cible avec L1 et appuyer sur triangle pour écouter les informations essentielles. Ensuite viennent les phases de vol durant lesquelles vous devez suivre discrètement la cible et lui dérober un objet précieux en appuyant sur rond suffisamment près: Attention à ne pas vous faire repérer car ces personnages sont très méfiants et constamment sur leurs gardes. Plus rapide encore, les interrogatoires vous demandent de suivre une personne dans un endroit isolé pour lui tirer les vers du nez à grand coup de poing, c'est direct et efficace. Il arrive également que des personnages vous demandent d'assassiner discrètement quelques gardes postés à différents endroits de la ville. Pour finir vous pouvez, selon votre envie, aider des villageois mis à mal par des gardes. Si vous y parvenez, les victimes vous aideront de deux façons différentes: leurs hommes de main bloqueront les gardes qui vous coursent et les érudits vous accueilleront dans leur groupe pour vous y fondre et disparaître aux yeux des gardes. Ce cinquième type d'exercice est facultatif et indépendant des informations à rassembler pour exécuter l'assassinat final.
Un vrai chat!
Altaïr peut se comporter de deux manières différentes: le profil passif lui permet d'opérer en toute discrétion et de manière tout à fait naturelle, alors que le profil actif est mis en scène lorsqu'une action plus dangereuse se doit d'être réalisée comme escalader une paroi. Le personnage par défaut est en mode passif mais en maintenant le bouton R1, il passe en mode actif, c'est subtil. En profil passif, vous pouvez déclencher la vision d'aigle en appuyant sur triangle qui permet de distinguer les personnages amis ou ennemis. Avec la touche carrée vous pouvez assassiner discrètement et rapidement, la touche ronde vous permet de vous frayer un chemin dans la foule sans bousculer celle-ci et avec la touche croix vous adoptez une posture de moine pour passer inaperçu. Pour le profil actif, la croix vous permet de sprinter, le carré pour porter des coups d'épe et le rond pour saisir une personne puis la balancer dans le décor. Parlons à présent des combats qui sont d'ailleurs plus riches qu'on avait pu l'imaginer. Pour engager un combat, vous devez d'abord verrouiller une cible avec la touche L1. Ensuite grâce aux touches mentionnées plus haut en mode actif, s'ajoutent la touche R1 pour se mettre en garde et la croix pour faire un bond en avant et attaquer par surprise l'ennemi. Les combats s’enchaînent avec une facilité de prise en main déconcertante. Il reste encore quelques subtilités intéressantes aux combats : lorsque vous êtes en garde, vous pouvez déclencher un contre mortel en maintenant R1 et en appuyant sur carré au moment de l'attaque ennemie. Altaïr élimine son ennemi d'un clin d'oeil si celui-ci commet la faute de trop. D'ailleurs, avec ces contres mortels, les combats peuvent paraître un peu faciles au début, mais heureusement la difficulté des ennemis va s'accroître au fil de l'aventure. Notre héros est un vrai chat ou carrément un "Spiderman" d'antan, sauter de toit en toit, poutre en poutre et escalader n'importe quel mur, devient un jeu d'enfant tellement la prise en main est aisée. Il vous suffit de maintenir R1 et croix ensemble et les actions se font d'elles mêmes. Votre seul souci est de diriger la course folle de l'assassin.
Une I.A. poussée mais...
Selon votre comportement et vos actions, la foule et les gardes porteront un regard différent sur vous. Si vous commencez à effectuer des actions louches telles que : courir dans les rues sans raison apparente, bousculer les passants ou grimper aux murs comme un idiot, les gens trouveront votre comportement curieux et seront méfiants à votre encontre. Si vous dépassez les bornes en tuant par exemple un garde en pleine rue et à la vue du monde, l'alerte sera donnée et vous serez alors poursuivi. La meilleure solution est simple, s'enfuir ou se cacher. Si vous parvenez à trouver l'une des nombreuses cachettes vous pourrez regagner votre statut d'anonymat. En vous enfuyant, les gardes vous suivent partout ou c'est humainement possible. Il est également conseillé de grimper sur un point d'observation et de faire un saut de la foi (sorte de saut de l'ange) pour finir sa chute sur une charrette de foin car c'est tout simplement grisant et les gardes seront pour la plupart du temps désorientés.
Attention les yeux
Voici l'aspect le plus aguicheur d'Assassin's Creed, sa réalisation graphique. Il faut bien l'avouer, elle en met plein les mirettes et c'est un vrai bonheur. Le résultat est impressionnant de réalisme et de minutie. Les trois villes magnifiquement bien modélisées offrent une profondeur de champ rarement atteinte. Pour vous en convaincre, grimpez sur un point d'observation, vous verrez. Les villes et les chemins qui les relient sont grandioses et leur design offre de nombreuses opportunités pour mettre à profit le talent surprenant d'Altaïr. Ce dernier bénéficie par ailleurs d'une animation irréprochable, fluide et stylisé sont les termes caractérisant le mieux l'assassin. Les gardes ainsi que les passants ont également bénéficié d'un soin particulier. On note une grande diversité dans l'apparence des personnages rencontrés, ce qui permet une immersion totale et surtout crédible. L'ensemble prend vie grâce à une gestion saisissante de la lumière qui tient compte du passage des nuages dans le ciel, bluffant. Sur le plan sonore on reste dans le très appréciable, mais le résultat est tout de même moins ahurissant que la claque graphique, notamment à cause de répliques répétées des personnages croisées dans les villes. Par contre les cut-scènes bénéficient de dialogues convaincants et les bruitages d'ambiance apportent plus de réalisme.
Altaïr, la nouvelle icône!
Il est temps d'évoquer les principaux défauts d'Assassin's Creed. Si la narration et la mise en scène sont excellentes, la structure des missions est un poil répétitive. En effet, pour chaque assassinat vous n'avez que les quatre exercices décrits plus haut. L'approche des neufs assassinats est donc sensiblement pareille. Seuls ses assassinats eux-mêmes offrent un peu de variété. Autre problème constaté, l'I.A. des gardes. Il arrive qu'un meurtre effectué sous leurs yeux passe inaperçu ou, on devient aussi l'ennemi juré alors qu'on marchait tranquillement. C'est rare mais tout de même regrettable. Enfin, cette version PS3, souffre de ralentissements "playstationiens" ce qui nuit toujours à l'ensemble mais Ubisoft a promis de régler cette lacune via la dernière mise à jour sur le firmware 2.o1 de la PlayStation 3, on espère ces défauts rectifiés. Assassin's Creed pourrait aisément devenir la nouvelle licence forte d'Ubisoft, sensations inédites, réalisation graphique dantesque, prise en main intuitive et immédiate, scénario prenant, tous les stigmates de la réussite sont présents. Malgré ces quelques petits défauts, Assassin's Creed s'impose comme un des jeux forts de cette fin d'année, respect aux développeurs, à présent le jeu ne mérite qu'une chose: La Suite!
Testé sur PlayStation 3 par Sarcophagy
